Le nombre d'or , la suite de Fibonacci et la peinture

Cette notion peut sembler étrange quand on y pense, mais les mathématiques et la peinture sont très étroitement liées. Bien que les mathématiques soient une science exacte et la peinture une activité artistique, nous avons remarqué que la peinture tient beaucoup des mathématiques. Sans oublier toutes les activités dérivées de la peinture que sont le dessin ou encore l’infographie.

En réalité, la construction d’une image et la notion de mise en valeur d’un point sur cette même image répondent à des règles mathématiques que tout élève en école d’art se doit de connaitre.

Comment ? Et qu’est-ce qui lie les cours de maths à la peinture ? C’est ce que nous allons voir tout de suite.

Les mathématiques appliquées à la peinture.

Un excellent exemple du lien entre les mathématiques et la peinture : le nombre d’or. Son histoire est une véritable saga qui court sur plusieurs millénaires.

Tout commence chez les Grecs où Pythagore étudiait tout ce qui était d’une grande beauté et sans défaut.

Les premières traces écrites du nombre d’or se trouvent dans les célèbres « Éléments » d’Euclide, mathématicien grec, (- 300) qui introduit la valeur particulière de 1,61803398875 (phi). Elle définit le “rectangle d’or” qui serait alors la représentation esthétique la plus harmonieuse.

 

C’est alors que l’on a mis en évidence une importante propriété du rectangle d’or.

En effet, si on lui retranche un carré dont le côté est de la même longueur que celle de son petit côté, le nouveau rectangle est de nouveau un rectangle d’or. On peut alors tracer une spirale tangente au grand côté aux points de contact avec les carré ajoutés.

Définition :

  • Le nombre d’or est défini comme le rapport a/b entre deux longueurs a et b.
  • Ce rapport est tel que la somme a + b des deux longueurs est égale au rapport de la plus grande longueur (a) sur la plus petite (b).
  • Mathématiquement, cela s’écrit : aa+b​=ba​

Valeur numérique :

  • Le nombre d’or, noté φ (phi), est l’unique solution positive de l’équation φ² = φ + 1.
  • Sa valeur approximative est 1,6180339887… (nombre irrationnel).

dire a quel ensemble il appartient

Dans la Rome Antique, les architectes, peintres, sculpteurs et dessinateurs ont compris la différence entre une œuvre esthétique et une création chaotique. Ils se sont intéressés à cette question et ont étudié comment une œuvre, bien qu’elles soient composées de parties inégales, peut être agréable à regarder. Ainsi, l’architecte romain Vitruve établit la définition du nombre d’or autrement dit la beauté mathématiques.

En reprenant à son compte le dessin de l'architecte Vitruve, Léonard de Vinci établit différentes mesures sur un corps humain, défini comme « parfait ». Parmi celles-ci, nous découvrons que, en étendant nos jambes, l’espace au sol ainsi créé et la figure formée par nos deux jambes forment un triangle équilatéral et que la longueur additionnée de nos deux bras tendus est égale à notre hauteur. De plus, ce dessin lui a permis de mesurer précisément chaque partie du corps, proportionnellement à notre corps tout entier. L’agencement de notre corps serait ainsi défini par ce fameux nombre d’or.

Ensuite, de nombreux mathématiciens dont le célèbre Léodarno de Pisa Fibonacci ont prouvé l’existence du nombre d’or dans la nature, chez les animaux et même chez l’homme. En 1175, il établit la suite de Fibonacci qui consiste à additionner les deux nombres précédents pour créer le troisième: 0,1,1,2,3,5,8,13,21,34,55,… Le rapport des deux termes consécutifs de la suite tend vers une valeur constante,  Phi.

Mais revenons à la peinture. Il existe plusieurs figures tirant parti du nombre d’or. Nous pensons, par exemple, au rectangle d’or, à la spirale d’or, au triangle d’or, à l’ellipse d’or ou encore aux points d’or. Toutes ces données définissent précisément où doit se situer chaque élément d’un tableau, afin de rendre l’ensemble harmonieux et agréable à l’œil.

Les exemples les plus flagrants de l’utilisation du nombre d’or dans la peinture sont :

 

  • La naissance de Vénus, peinte par Sandro Botticelli en 1482. En observant ce tableau, nous remarquons que la position dans l’espace des personnages est soumise à la règle des rectangles d’or. D’ailleurs, le tableau en lui-même est un rectangle d’or dans son ensemble. Ses dimensions (172,5 cm sur 278,05 cm) correspondent exactement aux formats d’un rectangle d’or.

 

  • Le tableau de Jicopo de Barbari représentant le mathématicien Fra Luca Pacioli possède, en son sein, une représentation parfaite de l’utilisation du nombre d’or. Celle-ci se situe dans la relation et la distance qui existe entre l’index et le pouce de la main correspondant exactement à la hauteur du livre ouvert. D’ailleurs, ce mathématicien écrivit en 1498 un traité sur le nombre d’or. Cette représentation n’est donc pas anodine.

 

  • Sans oublier le tableau de Diego Velazquez, l’adoration des Mages, peint en 1609. Comme la Naissance de Vénus, le format du tableau en lui-même est un rectangle d’or. De plus, le visage de Jésus enfant est situé exactement sur un point d’or.

Génie des mathématiques et de la peinture : Léonard de Vinci

 

Une des plus grandes figures dans le domaine de l’art, des mathématiques et de l’ingénierie est sans conteste Léonard de Vinci, véritable génie, inventeur et artiste. Nous lui devons la notion de la perspective, ayant servi à un grand nombre d’artistes aujourd’hui encore.

 

En tant que mathématicien, Léonard de Vinci connait le nombre d’or et l’utilise, à son tour, dans de nombreuses peintures. Dans le tableau de La Joconde, par exemple, le visage de La Joconde s’insère parfaitement dans un rectangle d’or. Idem pour la proportion de son corps, qui de coude à coude, rentre aussi dans un rectangle d’or.

 

Autre œuvre de Léonard de Vinci qui utilise la règle des rectangles d’or : Le Repas du Seigneur, peint entre 1494 et 1497. Cette œuvre a été créée en utilisant des rectangles d’or mais aussi de nombreuses figures géométriques.

 

C’est un fait, Léonard de Vinci, pour peindre ses chefs-d’œuvre, utilisa énormément les théorèmes mathématiques les plus connus de son temps. Cela apporta à ses tableaux une véritable harmonie.

 

Aujourd’hui encore, nous étudions ses œuvres de façon à identifier les différents stratagèmes utilisés pour peindre ses tableaux, reconnus comme des classiques de l’histoire de l’art.

 

Les propriétés de la divine proportion se retrouvent donc dans l’esthétique.

C’est un critère de beauté que l’on observe en peinture.

Les logos aux divines proportions

Un grand nombre de logos suive ce fil conducteur mathématique pour devenir plus efficaces, plus équilibrés et plus convaincants.

Exemples des logos qui sont construits grâce à la suite de Fibonacci : le  logo d’Apple de Rob Janoff, le logo BP, Grupo Boticario, National Geographic, Pepsi, Toyota

On comprend mieux pourquoi dans la photographie, la composition d’un visuel ou d’un logo on retrouve la technique de la règle des tiers pour la photographie et la grille d’or en infographie.

Le nombre d’or et la suite de Fibonacci sont-ils des outils mathématiques ou des principes fondamentaux de l’esthétique naturelle et artistique?

 

 

Quel point commun y a t- il entre un coquillage et la Joconde? Pourquoi certaines formes, certains visages ou œuvres d’art nous semblent-ils particulièrement harmonieux ? Est-ce uniquement une question de goût ou existe-t-il des règles universelles de beauté ? On peut répondre que ce sont des choses agréables à regarder. En réalité, ils sont liés par ce qu'on appelle la "divine proportion". Parmi les concepts les plus fascinants liés à cette quête, on retrouve le nombre d’or et la suite de Fibonacci.

Le nombre d’or et la suite de Fibonacci sont-ils des principes mathématiques fondamentaux expliquant l’esthétique ?

 La question qui se pose est de savoir si ces outils mathématiques sont de simples instruments de calcul ou s’ils constituent des principes fondamentaux de l’esthétique en art. Pour y répondre, nous allons explorer dans un premier temps l’utilisation du nombre d’or et de la suite de Fibonacci comme outils mathématiques, puis nous verrons comment ils ont été appliqués dans l’art et l’architecture, et enfin, nous discuterons de leur rôle dans la perception esthétique.

 

I. Le nombre d’or et la suite de Fibonacci comme outils mathématiques

 

Définition et propriétés mathématiques

Le nombre d’or et la suite de Fibonacci sont des concepts mathématiques fascinants qui ont traversé les siècles, influençant non seulement les sciences mais aussi les arts. Le nombre d’or, souvent noté par la lettre grecque φ (phi), est approximativement égal à 1,618. Il est défini comme le rapport entre deux grandeurs a et b telles que (a + b)/a = a/b. Le nombre d’or est une proportion particulière qui apparaît dans de nombreux contextes mathématiques. Il est solution de l’équation x² = x + 1, ce qui donne φ = (1 + √5)/2 ≈ 1,618. Cette proportion est considérée comme harmonieuse et équilibrée.

La suite de Fibonacci, quant à elle, est une séquence d’entiers où chaque terme est la somme des deux précédents (0, 1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, ...). Ces deux concepts sont intimement liés, car le rapport entre deux termes consécutifs de la suite de Fibonacci tend vers le nombre d’or. Par exemple : 13/8 = 1,625 ; 21/13 1,615 ; 34/ 21 1,619. 

On observe une convergence vers φ, sans jamais l’atteindre exactement, puisque φ est irrationnel. Cette propriété montre que la suite de Fibonacci est une approximation naturelle du nombre d’or, ce qui explique pourquoi on la retrouve si fréquemment dans les structures vivantes : elle incarne une forme de croissance équilibrée, à la fois simple et dynamique.

 

Transition : Après avoir vu ce que sont le nombre d’or et la suite de Fibonacci, on peut maintenant s’intéresser à la façon dont ils apparaissent concrètement dans la nature et dans différentes disciplines scientifiques.

 

II. Applications en sciences et présence dans la nature

 

Le nombre d’or et la suite de Fibonacci ne sont pas seulement des concepts abstraits réservés aux mathématiciens ; ils trouvent un écho réel et fascinant dans les sciences naturelles. En géométrie, par exemple, le nombre d’or permet de concevoir des formes équilibrées et élégantes, comme le pentagone régulier ou certaines figures complexes. Mais c’est surtout dans le monde vivant que ces notions prennent une dimension presque idéale.

Prenons la phyllotaxie, la science qui étudie la disposition des feuilles autour d’une tige. Dans de nombreuses espèces végétales, cette organisation suit des motifs inspirés de la suite de Fibonacci. Il en va de même pour les pommes de pin, les ananas ou les capitules de tournesol, où l’on retrouve des spirales imbriquées qui obéissent à ces proportions.

Les structures biologiques, comme les coquillages ou les corolles de certaines fleurs, montrent aussi une récurrence frappante de ces modèles mathématiques. La spirale des coquillages, par exemple, suit une forme logarithmique qui reflète une croissance continue et harmonieuse. Cette spirale peut être perçue comme une manifestation visuelle du nombre d’or, une proportion constante qui semble guider l’expansion naturelle de certains organismes vivants.

Ce que cela suggère, c’est que le nombre d’or et la suite de Fibonacci ne sont pas de simples outils numériques. Ils traduisent une logique d’équilibre, d’efficacité et d’élégance que la nature elle-même semble glorifier.

 

Transition : Si la nature semble "penser" en termes de nombre d’or et de suite de Fibonacci, cela soulève une autre question, les artistes, eux, s’en inspirent-ils consciemment dans leur quête d’harmonie visuelle ?

 

III. Application du nombre d’or et de la suite de Fibonacci dans l’art

 

Utilisation historique et exemples concrets

Le nombre d’or, tout comme la suite de Fibonacci, a longtemps été considéré non seulement comme un outil mathématique, mais aussi comme un principe fondamental guidant l’esthétique dans la nature et dans les créations humaines. Leur présence récurrente dans des œuvres majeures de l’art et de l’architecture suggère qu’ils sont perçus intuitivement comme des repères d’harmonie et d’équilibre.

Historiquement, les architectes de l’Antiquité ont intégré ces proportions dans leurs constructions pour créer une impression de beauté et de perfection. Un exemple emblématique est celui du Parthénon, à Athènes. Bien que le débat persiste quant à l’intention réelle des architectes grecs, de nombreuses analyses montrent que la façade du Parthénon s'inscrit dans un rectangle dont les proportions se rapprochent du nombre d’or. Cette symétrie visuelle, couplée à des ajustements optiques subtils, donne à l’édifice une allure équilibrée et presque intemporelle.

À la Renaissance, cette fascination pour le nombre d’or connaît un nouvel essor, notamment chez Léonard de Vinci. Dans L’Homme de Vitruve, une étude anatomique fondée sur les écrits de l’architecte romain Vitruve, Léonard explore les proportions idéales du corps humain à travers des figures géométriques où le nombre d’or est omniprésent. De même, dans La Joconde, la structure du tableau semble répondre à une organisation géométrique discrète, fondée sur le nombre d’or, qui guide inconsciemment le regard du spectateur et renforce l’harmonie générale de la composition.

Un autre exemple frappant est La Cène, également de Léonard de Vinci. Dans cette œuvre, les dimensions du tableau et la disposition des apôtres autour du Christ sont construites sur des rapports mathématiques proches du nombre d’or. Cette organisation rigoureuse de l’espace donne à la scène une lisibilité immédiate et un sentiment de cohésion profonde.

La suite de Fibonacci, quant à elle, bien qu’élaborée comme une curiosité mathématique au départ, se retrouve dans les structures naturelles — spirales des coquillages, agencements de pétales, ou encore disposition des graines dans un tournesol. Les artistes qui s’en inspirent cherchent à reproduire cette logique naturelle, cette croissance organique, dans leurs œuvres.

Ainsi, loin d’être de simples outils abstraits, le nombre d’or et la suite de Fibonacci agissent comme des ponts entre la rigueur mathématique et la sensibilité artistique. Ils traduisent une quête universelle d’équilibre entre ordre et beauté, entre calcul et émotion.

 

Le rôle du nombre d’or et de la suite de Fibonacci dans la perception esthétique

Si la beauté reste en partie subjective, de nombreuses recherches suggèrent que certaines proportions résonnent de manière quasi universelle chez l’être humain. Le nombre d’or, par sa présence omniprésente dans la nature, agit comme un langage visuel inconscient. Lorsque nous contemplons un objet, un visage ou une œuvre d’art qui en respecte les rapports, notre cerveau perçoit immédiatement un équilibre presque instinctif. 

Des études en psychologie expérimentale ont mis en évidence cette tendance. Par exemple, lorsqu’on présente à des volontaires plusieurs séries de rectangles de tailles différentes, ceux dont le rapport longueur/hauteur s’approche de φ (≈1,618) sont systématiquement jugés plus agréables à l’œil que d’autres formats arbitraires. Cet effet ne se limite pas à la forme, on observe également un biais similaire pour des compositions chromatiques ou des arrangements spatiaux qui reprennent les proportions de la suite de Fibonacci, traduisant une préférence pour une croissance naturelle et fluide, comparable à ce que l’on observe dans une coquille d’escargot ou dans la configuration des graines d’un tournesol.

Pour autant, ces préférences ne s’imposent pas comme des lois universelles et immuables. Elles peuvent varier selon les époques, les cultures et les sensibilités individuelles. Certaines civilisations n’accordent pas la même importance au nombre d’or, et certains artistes ont volontairement transgressé ces règles pour créer un effet de contraste, de tension ou d’étrangeté. En photographie contemporaine ou en design graphique, on trouve aussi des créateurs qui jouent avec des rapports plus extrêmes pour inviter le regard à explorer des dynamiques visuelles inédites.

Le nombre d’or et la suite de Fibonacci demeurent avant tout des outils puissants de description et d’inspiration. Ils offrent un cadre rassurant, une grille de lecture capable de guider la composition. Ceux qui souhaitent briser la norme trouvent souvent leur force dans la rupture, là où l’harmonie mathématique laisse place à la surprise ou à l’émotion brute. Aussi utiles soient-ils pour évoquer une harmonie naturelle, φ et Fibonacci ne sauraient prétendre être une « loi divine » de la beauté, mais plutôt des alliés parmi d’autres pour façonner l’équilibre visuel.

 

 

Enfin, le nombre d’or et la suite de Fibonacci ne se limitent pas à des outils mathématiques fascinants. Leur présence dans la nature, leurs applications dans les sciences, et leur influence sur l’art et l’architecture montrent à quel point ces concepts ont marqué de nombreux domaines. Utilisés pour représenter l’harmonie, l’équilibre ou encore la croissance, ils sont devenus des références autant esthétiques que scientifiques. Bien que leur lien avec la beauté soit parfois contesté, leur impact à travers les siècles reste incontestable.